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Des champs d’anans aux étals des marchés togolais et français, retrouvez l’univers Yovo Bon en images !
Reportage Photos
La culture de l’ananas pain de sucre au Togo
LE FRUIT ROI
Loin des guerres, loin des grandes exploitations de ce monde, loin de nos revendications paysannes et loin de nos pollutions, un petit monde au Togo s’échine à cultiver de manière ancestrale le fruit roi qu’est l’ananas.
Très prisé par l’aristocratie européenne dès le 16ème siècle, l’ananas est symbole d’amabilité, de bienveillance et de chaleur pour celui ou celle à qui il est destiné. A l’époque, malgré sa rareté, on lui porte une très haute estime et bon nombre de textes en parlent de lui comme le « Roi des Fruits ».
Le R.P. du Tertre dans son Histoire générale des Antilles voit dans l’aspect même de ce fruit une marque de royauté. Il écrit :
« Je peux à très juste titre appeler l’ananas le Roy des Fruits parce qu’il est le plus beau et le meilleur de tous ceux qui sont sur la Terre. C’est sans doute pour cette raison que le Roy des Roys lui a mis une couronne sur la tête qui est comme une marque essentielle de sa royauté, puisque à la chute du père il produit un jeune Roy qui lui succèdera en toutes ses admirables qualités : il est vrai qu’il y a encore d’autres rejetons en dessous du fruit et même au dessous de la tige qui produisent des ananas en bien moins de temps et même avec plus de facilité que celui qui lui sert de couronne. »
UNE AFFAIRE DE FAMILLE
Sur la nationale 1 qui relie Lomé au nord du Togo, au bout d’une piste dans une végétation luxuriante, le village de Badja se prépare aux premières pluies de mars.
Les rejets d’ananas ont été choisis et sélectionnés dans l’attente d’être plantés. 65 000 plants sont nécessaires pour remplir un hectare.
Regroupés en association, les villageois de Badja, pour la plupart propriétaires de leur lopin de terre, décident il y a une 10aine d’années de cultiver le « Pain de Sucre » ou « Ananas Bouteille » pour ses qualités gustatives supérieures.
Ce groupement de producteurs produit à ce jour quelques centaines de tonnes d’ananas par an sans aucun moyen mécanique ni produit chimique ou ajout d’engrais.
La préparation du sol, la plantation, le sarclage et le désherbage se font uniquement à l’aide d’outils d’un autre âge. 2 années de patience et d’entretien sont nécessaires avant la première récolte du Roi des Fruits.
Ce jour est enfin arrivé où le fruit est prêt à s’offrir. La récolte commence dès l’aube et se fait en famille. À chacun sa tâche : les ramasseurs dans le champ, puis les porteurs, enfin les brosseuses et les coupeuses.
Femmes, hommes et enfants sont là, à l’abri du soleil brûlant. Ils contrôlent chaque fruit, le brossent, le recoupent et cicatrisent sa tige avant de le peser pour l’expédier.
Les plus beaux fruits s’envoleront pour des contrées lointaines, tandis que les autres feront le bonheur du marché local et se retrouveront sur les étals des marchés de la capitale ou, comme une couronne de Roi, sur la tête d’une vendeuse ambulante.
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